Introduction du dossier de presse sur le site leptypont.afrikart.net
Rubrique : Groupe Leptypont de Recherches musicales et scéniques
Introduction sur le site Leptypont
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Ahmed Iyadh Labbène. C'est évidemment mon fils et je n'en suis pas peu fier. Mais c'est aussi le coordinateur musical de notre groupe Leptypontde recherches musicales et scéniques depuis sa création en 2002. A ce titre, il a droit à cette page qui fête son succès à la clôture de la douzième session de l'octobre musical, à l'Acropolium de Carthage. Ce 31 Octobre 2006 représente pour moi, pour le groupe, comme pour lui, une date à retenir. |
Agé de moins de 22 ans, c'est, en effet, la première fois qu'il présente à un aussi grand nombre de mélomanes avertis et dans une aussi prestigieuse rencontre musicale internationale, l'une de ses créations musicales : "ACROPOLIS". Quel en a été l'impact sur le public ? |
Ne pouvant moi même être objectif, je préfère céder, tout de suite la parole à la presse nationale pour vous en parler.
Un simple papa : Salem Labbène
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Source : Journal La Presse de
Tunisie - Date : 2 / 11 /
2006
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Mise en page et photos :
Leptypont
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Culture
Octobre Musical De Carthage
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L’Orchestre de
chambre de l’ISMTunis
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Scintillante
clôture |
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L’Institut supérieur
de musique de Tunis peut s’enorgueillir d’avoir vu juste en «couvant»
l’Orchestre de chambre qui est né voilà trois ans, à l’initiative de Rachid
Koubaâ, et qui produit depuis sous sa bannière. C’est que cet ensemble,
constitué de jeunes, formés ou en cours de formation à l’institut, a franchement
fière allure. Le constat s’est de lui-même imposé mardi dernier, lors de la
clôture de l’Octobre musical à l’Acropolium de
Carthage.
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Un programme
riche
Le nombreux public
présent avant-hier s’est délecté avec un menu ouvert par un divertimento un Ré
majeur de W.A. Mozart suivi d’un concerto en Do pour alto et cordes de J.
Schubert, en première partie de soirée. La seconde a été consacrée à Vivaldi
avec «L’Autunno», concerto N°3 en Fa majeur et «L’Inverno», concerto N°4 en Fa
mineur. Un programme de haute facture exécuté sous la baguette de R. Koubaâ
avec une application, une sobriété et un enthousiasme qui faisaient plaisir à
voir, ainsi qu’avec une qualité de jeu qui révélait la virtuosité, existante ou
en devenir, de l’ensemble des musiciens de cet orchestre. Une qualité que
n’altéraient point de rares et à peine perceptibles hésitations d’un archet
par-ci, ou le manque d’un nécessaire «punch» d’un autre par-là. Cela n’entachait
presque pas la pureté des notes qui avaient un effet comme purificateur… quasi
élévateur.
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La cerise sur le
gâteau
L’époustouflante
prestation des deux solistes, Mourad Frini à l’alto et surtout le Bulgare
Vassil Dimitrov au violon, a conféré une autre dimension à ce récital, tant elle
fut pratiquement parfaite, sans faille. Schubert, pour le premier, Vivaldi, pour
le second, ne se sont certainement pas retournés dans leur tombe. Loin de
là. Et comme si cela ne suffisait pas, l’Orchestre de chambre de l’ISM Tunis
nous a réservé une agréable surprise, venue comme une cerise sur le gâteau. Il
s’agit de «Acropolis», une pièce instrumentale — la brève intervention vocale
est elle aussi utilisée comme un instrument — du jeune étudiant violoniste Ahmed
Iadh Labbène.
A la fois ancré dans
le classique et flirtant allègrement avec le moderne, ce morceau est plein de
créativité, d’ingéniosité, de talent. Le compositeur qui y a eu recours au
piano, à la flûte et à la batterie, en plus des dominants violons, altos,
violoncelles et contrebasse, en a fait un produit conforme à son âge : tantôt
rêveur, langoureux, voire nostalgique, tantôt pétillant, fougueux, rebelle même.
Le tout savamment dosé et écrit de surcroît dans un souci de transmettre de
l’émotion et de subtilement marquer son identité tunisienne. «Acropolis» est une
véritable création qui ne relève ni de l’imitation ni du sous-produit. Et ce
n’était que justice si elle a été jouée une deuxième fois pour satisfaire un
public conquis… charmé. Une soirée scintillante dont on se
souviendra.
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Source : Journal Le Temps (Tunisie) - Date
: 2 / 11 / 2006
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Mise en page et photos :
Leptypont
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Arts et
Culture
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L'Orchestre
de chambre de L'Institut Supérieur de
musique
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La douzième session de l'Octobre Musical
s'est achevée, le mardi 31 octobre dernier, avec une touche de beauté assurée
par l'Orchestre de Chambre de l'Institut Supérieur de Musique de Tunis sous la
direction du maestro Rachid Koubaâ. Un répertoire classique a été revisité et
pour le plaisir de l'assistance, toute la grandeur de la grande musique a été
déversée sur scène inondant les cœurs, submergeant les
âmes...
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La salle était pleine. De nombreux mélomanes
ont fait le déplacement pour assister à la soirée de clôture de cette nouvelle
édition de l'Octobre Musical. L'attente se fait un peu longue, puis ce sont les
applaudissements qui accueillent les artistes qui décident les retardataires à
regagner leurs sièges. Les premières notes fusent ; légères et presque
vaporeuses, ce sont celles d'un allegro signé Wolfgang Amadeus Mozart. Les
pièces s'enchaînent et le rythme en appelle un autre et, tour à tour, l'andante,
le presto, l'adagio, le rondo et le largo ont scandé la soirée. Conquis dès les
premiers mouvements, le public s'est laissé guider sur le chemin de la
Splendeur. En effet, sous la direction de Rachid Koubaâ, les membres de
l'orchestre ont exécuté avec brio les différentes parties du programme. Une
sensibilité à fleur de peau s'échappait à chaque frôlement d'instrument pour
gagner le parterre et emplir l'espace de cette élégance tant requise et tant
recherchée par les artistes.
Invitant sur scène l'alto Mourad Frini, puis le
violoniste Vassil Dimitrov, une belle parade s'est instaurée entre l'orchestre
et les solistes. Une parade placée sous l'égérie des concertos de Schubert et de
Vivaldi. les notes couraient sur scène insaisissables, elles conféraient à
l'atmosphère de la salle un certain apaisement donné par la densité mesurée d'un
andante ou d'un adagio, puis le ton change et c'est un rythme badin, quasi
frivole qui allège l'ambiance et berce l'oreille d'une musique presque aérienne.
A la surprise générale, la dernière composition
est signée Iadh Labbène, second violon au sein de l'orchestre. Tout débute avec
un son fluide : celui du piano. Ensuite la batterie fait son entrée et rejoint
le piano. Ce duo invite la corde vocale et voix cristalline s'élève pour épouser
le rythme, elle disparaît comme par magie et sa propriétaire sort sa flûte pour
rejoindre ses compagnons. Enfin, l'orchestre rejoint le trio. L'alliance entre
des instruments classiques et des instruments modernes pourrait certes
surprendre, mais dans " Acropolis " (le titre du morceau), elle est empreinte
d'un naturel déconcertant. Les variations rythmiques plongent les convives dans
l'ivresse d'un tourbillon, celui d'une musique fraîche où les touches
méditerranéennes et orientales se laissent deviner par bribes. Les frontières
disparaissent et le monde réel rejoint celui du rêve, celui de la magie.
Vivement applaudi, l'orchestre retourne sur scène pour reprendre " Acropolis "
de Iadh Labbène pour le seul plaisir des convives.
Ainsi s'achève cette édition de l'Octobre
Musical, une édition qui a drainé les habitués de l'Octobre mais aussi de
nouveaux adeptes, promesses pour de nouveaux rendez-vous, pour de nouvelles
rencontres dans la sphère de la Grande Musique...Un grand merci à tous ceux qui
ont contribué à la réussite de cette soirée magique
Raouf MEDELGI
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Après le concert : |
Rencontre avec Iyadh
Labbène |
"Je garderai en mémoire
"ACROPLIS"
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Quelques
convives ont regagné les coulisses pour féliciter les artistes pour leur
prestation, mais surtout pour rencontrer le compositeur d'Acropolis. A leur
grande surprise, le compositeur a à peine dépassé le cap de la vingtaine. Malgré
la présence des mélomanes qui attendaient de discuter avec lui, Iadh Labbène
nous a accordé ce bref entretien...
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*Le Temps : Iadh Labbène, si vous nous parliez
de votre parcours.
-Iyadh Labbène : J'ai commencé la musique à
l'âge de cinq ans dans le conservatoire de monsieur Hafidh Makni. Il était mon
premier professeur de violon. En 2000, j'ai obtenu mon diplôme au sein du même
conservatoire. Ensuite, j'ai étudié l'harmonie et le contrepoint avec le maestro
Sid'Ahmed Achour. Puis, j'ai intégré l'Institut Supérieur de Musique où je suis
actuellement en troisième année.
* Pourquoi avoir choisi le violon ?
- En vérité, je n'ai pas choisi de jouer du violon. Ce que
j'aimais, c'était la musique sans avoir de préférence pour aucun instrument.
Mais c'est mon père qui inscrit aux cours du violon. Et à présent, je peux dire
que j'aime cet instrument et je ne remercierai jamais assez mon père pour
cela... Merci papa !...Maman aussi , merci !
* Est-ce que c'est votre première participation à l'Octobre
Musical ?
- Oui, c'est ma première participation à cette
manifestation, tout comme c'est ma première participation au sein de l'orchestre
de l'Institut supérieur de Musique. Avant, j'ai joué en tant que soliste dans
l'orchestre scolaire et universitaire de Hafidh Makni.
* Et quel souvenir garderez-vous de ce passage ?
- Je garderai en mémoire Acropolis joué par mes acolytes sur
la scène de l'Acropolium.
*Justement en parlant d'Acropolis, quels étaient vos
sentiments en l'écoutant interprétée par vos camarades sur scène ?
- Ah ! C'est indescriptible. Les sentiments étaient confus.
C'était beaucoup de joie et d'émotion... J'avais tous les sentiments du monde...
c'est difficile à dire... difficile à expliquer...
* Avez-vous d'autres compositions et comptez-vous les sortir
en CD ?
- Oui, j'ai d'autres compositions à mon actif. Quant à la
question de les faire sortir dans un CD, ce n'est pas possible dans l'immédiat
parce qu'il faut être réaliste : il n'y a pas de moyen pour le réaliser. Mais,
l'idée y est et on ne sait pas de quoi sera fait demain.
* Quels sont vos futurs projets ?
-Mon premier souci est de terminer mes études. Ensuite,
j'essaierai d'achever les études de compositions ici ou ailleurs.
Je voudrai, pour terminer, adresser un grand merci au maestro
Rachid Koubaâ, Sami Ben Saïd au piano, Wissem Karoui à la flûte et au chant et
Anis Melliti (Juju) à la batterie ; ainsi qu'à tous les membres de
l'orchestre.
Propos recueillis par R .
M.
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Source : Tunis Hebdo - Date : du 6 au 12 Novembre
2006
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Mise en page :
Leptypont
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Culture
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Après
nous avoir émus plus d’une fois durant les deux dernières semaines d’octobre,
l’Acropolium a fermé ses portes sur une soirée réunissant Mozart, Schubert,
Vivaldi et… une œuvre tunisienne majestueusement interprétés par l’Orchestre de
Chambre de l’Institut Supérieur de Musique de Tunis, placé sous la houlette du
Maestro Rachid Koubaa.
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Une première
devant le grand public
Fondé en
2003, l’Orchestre de Chambre s’est limité, à ses débuts, aux seules prestations
organisées par l’ISM et pour l’ISM. Une crainte de pointer son nez à l’extérieur
explicable, en partie, par la composition instable de l’Orchestre dont les
musiciens viennent et s’en vont avec les diverses promotions. Bien sûr, il n’y a
que les meilleurs et les plus motivés qui sont choisis. Du moins, d’après Rachid
Koubaa, le chef et l’initiateur de l’Orchestre. Seulement, il faut dire, que la
promotion actuelle s’est vraiment surpassée, avec des musiciens n’ayant rien à
envier à ceux qui ont des années d’expérience derrière eux. Avec, parmi les
seconds violons, le jeune Ahmed Yiadh Labbene qui avait signé la dernière œuvre
du concert – une œuvre qui a provoqué une véritable émeute dans la salle
remplie, il est vrai, de beaucoup de ses collègues de promotion.
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Un programme
festif et innovant
Les
amateurs des vrais tubes classiques n’ont pas été oubliés : l’Automne et l’Hiver
de Vivaldi ont ouvert la seconde partie du spectacle, merveilleusement
interprétés par Vassil Dimitrov de Sfax, qui en a assuré le solo au violon.
Moins connues mais pas moins festives : le concerto en do majeur pour alto
et cordes de Schubert qui constitue un tournant dans son œuvre. En effet, ce
concerto s’impose par des sonorités nouvelles et une démarche harmonique et
mélodique qui les teintent de romantisme. N’oublions pas que, pour Schubert,
Beethoven fut un modèle très présent dont il lui fallait se " libérer ". Ainsi,
le moule du concerto reste classique, mais bien souvent sans la logique
déductive et la tension dramatique qui avaient constitué l’essence de la forme "
classique ". C’est à partir de cette œuvre que Schubert expose une nouvelle
conception du temps musical marqué par le mélange de passages rapides et de
vastes plages d’immobilité (ses "divines longueurs"). Il n’était pas, comme
Beethoven, l’homme des certitudes, mais celui du doute ou de
l’extase. |
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Hommage à
l’Acropolium
Incroyable
mais vrai – tout le concert a été préparé après l’Aïd. En trichant un tout petit
peu côté Schubert, comme nous l’a avoué Rachid. En effet, le premier mouvement
était le travail de master de Mourad Frini dont l’émotion était telle (c’était
sa première apparition à un " grand festival ") que le public n’a pu qu’en être
encore plus ému. Beaucoup plus sûr de lui et pour cause – il a déjà plus
d’une composition à son actif – Labbene junior a été le héros incontesté de la
seconde partie du spectacle. Son " Acropolis " – un mélange entre jazz et
rythmes bédouins – a ajouté un piano, de la flûte et une batterie à l’Orchestre
: instruments qui, traditionnellement, n’y ont pas droit de cité. Avec un brin
de chant en plus… Et, si vous n’avez pas eu la chance d’assister au spectacle,
sachez qu’un disque verra peut-être le jour. Le Maestro Koubaa nous a confié
qu’un projet d’enregistrement à Hammamet est en cours et qu’il sera supervisé
par Mohamed Zinelabidine – le pionnier de l’expérimentation musicale et le
directeur de l’ISM de Tunis.
André
Eliev
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André Eliev intervewant Ahmed Iadh Labbène à
l'Acropolium de Carthage 31/10/2006 - Photo Leptypont |
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Source : Le Temps
Dimanche 30 Avril
2006
Seuils… pour des départs et des arrivées
aussi !
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Je savais
encore que chaque poème possède un argument fondateur régissant ses relations
avec tout le reste. J’entends par là l’environnement sociohistorique dont il est
à la fois un produit et un composant. C’est le cas de la relation qu’a le
poème avec un lecteur qui lui tient compagnie, comme un associé qui lui est
nécessaire. C’est aussi le cas de cette relation existant entre la pièce de
théâtre et son « extérieur », ente elle et le public qui y assiste…
Je savais tout
ceci et en ai même traité dans mes écrits, surtout concernant la relation entre
la « voix » et le « locuteur », au sein du poème. Essentiellement à propos de la
poésie de Salah Abdessabour, Mahmoud Derwich et certains autres.
Mais jamais je
n’ai su ni n’avais prévu que cette relation allait se dérouler au sein de ma
propre poésie, sous mes propres yeux, dans un vrai théâtre et en présence
d’autres spectateurs, comme il m’est arrivé la semaine dernière à Monastir, sur
la côte tunisienne.
En effet, le
groupe « LEPTYPONT » (lire le petit pont), dirigé par le poète et homme de
théâtre tunisien, Salem Labbène, a donné une représentation théâtrale dont le
titre est « Des seuils pour des départs… et des arrivées aussi ». C’était dans
le cadre du symposium international sur la méditerranée, organisé par
l’association pour la culture et les arts méditerranéens », fondée par
l’écrivain et universitaire tunisien Mansour Mhenni (13 au 16 avril).
Il s’agit d’un
spectacle qui a touché à quelques uns de mes poèmes que Labbène a exploité pour
en construire, en les faisant dialoguer avec des poèmes à lui, un spectacle
puisant dans la métaphore du bateau le lieu et le prétexte dramatique.
Sur le bateau,
des marins accueillent et font des adieux. Ils ont leur propre façon de vivre et
de s’exprimer qui va de la poésie à la performance musicale instrumentale, en
passant par l’interprétation théâtrale et la chanson.
Je
m’abstiendrai de parler de cette représentation d’un point de vue artistique.
Autrement, j’enfreindrais la règle de conduite que je me suis imposée en commun
accord avec l’artiste Labbène, bien avant l’avènement de ce spectacle. Quant il
a pris l’initiative de me contacter, alors que je ne le connaissais pas encore,
j’avais affirmé à Labbène que ma poésie était à son entière disposition et qu’il
pouvait en user comme bon lui semblait, cette poésie ayant déjà atteint l’âge du
sevrage depuis sa parution sous forme de livre circulant entre les mains des
lecteurs. Je voulais ainsi traiter avec Labbène comme il était, c'est-à-dire
comme un créateur libre de se comporter comme bon lui dicterait sa propre vision
de sa création. Alors je tiens à ne point enfreindre cette règle après le
spectacle…
Ce que je tiens
à exprimer, ici, ce sont ces idées qui bouillonnaient en moi tout au long de ce
spectacle d’environ deux heures. Ce soir là, je me suis rappelé d’une tout autre
soirée, passée sur une tout autre rive. Une soirée pendant laquelle, avec un ami
(impliqué dans un festival culturel), on avait évoqué l’idée d’affréter un
bateau où des créateurs de différentes nationalités et de divers talents,
arriveraient pour vivre et créer ensemble sur cette embarcation. Ils
accosteraient dans divers ports. Et, sur chaque côte où ils jetteraient l’ancre
en créateurs, on les accueillirait et leur ferait des adieux. Ils toucheraient
terre, vivraient quelques jours, puis lèveraient à nouveau les
voiles…
Ce fut un rêve
alléchant, mais coûteux. Trop, en tout cas, pour le budget de l’association
concernée. Je n’étais pas en mesure, ce soir là, de me rendre compte de ce que
Labbène savait, et qu’il a bien réalisé dans son spectacle. A savoir que le
théâtre était tout à fait capable de concrétiser un tel rêve. Car il est le
substitut imaginaire de cette embarcation impossible.
La force du
théâtre réside en cette capacité de symbolisation, de suggestion. Il suffisait à
Labbène de lever la main à la hauteur de son front, comme pour couvrir ses
yeux, pour que nous sachions qu’il se tenait sur le seuil, afin d’accueillir un
arrivant venant de loin…
On pourrait
appliquer ce genre de lecture à plus d’un signe et à plus d’une suggestion qu’on
puiserait dans ce spectacle et qui suffisaient aux spectateurs pour prendre
ainsi le large. Sans oublier que d’autres signes (comme les filets de pêche, par
exemple) étaient là pour faciliter l’acte de communication entre la scène et la
salle, entre le poème et la construction de la pièce elle-même.
Ce qui m’a
aussi interpellé, c’est le nom de ce groupe théâtral, « le petit pont », qui a
réalisé ce travail (Ahmed Iyadh Labbène, Ines Achour, Maher Haj Abdallah, Azza
Labbène, avec Salem Labbène lui-même, qui a assuré la mise en scène et une large
part de l’interprétation, de l’exécution instrumentale et du chant). Je trouve
dans ce nom la meilleure expression, le meilleur signifiant pour ces idées. Un
petit pont sert, en effet, aux arts, dans leurs rapports entre eux ; comme, par
exemple, ces rapports de proximité possible entre poésie, interprétation, jeu
instrumental et chant.
Un petit pont
sert aussi pour construire un dialogue effectif entre les êtres humains, ce qui
les réunit sur un médian exigu et leur permet de faire connaissance.
Je m’interdit
d‘émettre un avis sur le spectacle. Mais je ne peux cacher les sentiments
contradictoires qui se sont emparé de moi en y assistant : des sentiments de
stupéfaction à la vue des tes mots s’imprimant sur des visages, sur des costumes
et sur des gestes, ce qui constituait, en fait, leur état originel, avant même
de devenir les mots qu’ils sont ; mais aussi des sentiments de rupture vis à vis
de ces mots bien à toi mais qui déploient désormais des ailes totalement
libérées et qui se déhanchent à leur guise et où bon lui dicte sa propre
volonté.
Nul doute que
ce spectacle de Monastir va faire, qu’à partir d’aujourd’hui, je reviendrai à ma
poésie dans la peau d’un visiteur, dans une peau autre et innovante.
C. D.
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